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Comment la cardiologie interventionnelle est devenue structurelle

le 13/04/2021

Au cours des dix dernières années, la cardiologie a bénéficié d’évolutions majeures. Les techniques d’interventions mini-invasives ont connu un développement considérable, et permettent désormais de soigner les patients moins « agressivement » et même de prendre en charge de nouveaux patients, jugés jusque-là inopérables. Comment ? Grâce à des progrès matériels techniques et grâce à des partages de connaissances inter-spécialistes.

Le Dr Maxence Delomez est cardiologue interventionnel à l’Hôpital privé Le Bois, établissement Ramsay Santé situé à Lille (Hauts-de-France). Avec plus de vingt ans d’expertise dans le domaine des affections du cœur et de la cardiologie interventionnelle, il constate les évolutions de sa spécialité et, implicitement, de son métier.

Partage de connaissances entre spécialistes du cœur

Le cardiologue interventionnel, jusqu’à récemment, se limitait au traitement des artères du cœur : coronaires, stents, infarctus du myocarde. Depuis 20 ans, le métier a été bouleversé par l’apparition de nouveaux traitements, conjointement à la découverte de nouvelles pathologies. « Si quelques précurseurs avaient essayé de défricher de nouvelles méthodes de prise en charge, mais sans résultat concluant, cela a permis à force de persévérance de trouver des techniques réellement novatrices, cela en croisant des domaines de compétences entre spécialistes », explique le médecin.

Des initiatives, à l’origine expérimentales de dilatation valvulaire pour soigner des valves aortiques, ont été couplées à celles des poses de stents. C’est ainsi que la pose de valve aortique percutanée (« TAVI.») a été créée. Le TAVI est devenu, moins de 20 ans après son invention, le traitement de référence du rétrécissement aortique. Le TAVI a donné l’impulsion vers une nouvelle spécialité : la cardiologie structurelle. « L’élément déclencheur de la cardiologie structurelle a été le mélange des compétences, la réflexion commune, pour le développement de techniques novatrices, venant tantôt de la rythmologie interventionnelle, de la cardiopédiatrie, et l’apparition d’une nouvelle compétence : l’échocardiographie interventionnelle. »

Les industriels, réactifs et à l’écoute des besoins

Toutes ces évolutions remarquables n’auraient pu voir le jour sans un matériel rapidement adapté aux nouveaux challenges. « Certaines cardiopathies congénitales chez l’enfant sont soignées à l’aide de sortes de petits « diabolos ». Après partages de connaissances, ces types de dispositifs, modifiés, pouvaient également être une solution pour occlure certaines cavités ou orifices anormaux, chez l’adulte.  Les industriels ont alors travaillé sur ces produits. ». Les spécialistes peuvent désormais atteindre les différentes cavités du cœur, et effectuer par exemple une fermeture percutanée d’une fuite ou d’un orifice anormal, changer ou réparer différentes valves cardiaques, sans ouvrir.

De nouvelles conquêtes sont en cours d’étude, car malgré ces progrès, encore trop de patients ne peuvent être soignés. « Nos regards se tournent vers la réparation tricuspide en faisant évoluer les outils de réparation percutanée actuels. Mais une autre étape majeure sera sans doute, comme le fût le TAVI pour la valve aortique, la mise au point de valves mitrales et tricuspides percutanées dédiées, qui donneront la possibilité de réparer ou changer les valves, selon le contexte : à chaque patient et à chaque pathologie, son traitement. » C’est ce partage des techniques, des matériels et des connaissances entre disciplines jusqu’alors très cloisonnées, qui a ouvert la voie de la cardiologie interventionnelle, vers ce que l’on appelle maintenant la cardiologie structurelle.